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Dreamscake
28 juin 2010

Les cafards

Il fait nuit. Mes amis et moi sommes installés sur le rebord d'un haut mur, sous un lampadaire. Nous avons l'habitude de sortir à cette heure-là et de venir à cet endroit en particulier, pour discuter, prendre du bon temps. Ce soir encore, il y a un dizaine d'hommes, déguisés en cafards, qui sont sous nos pieds. Je crois qu'ils tentent d'attirer notre attention, mais nous les ignorons profondément. Nous les détestons en réalité. Petit à petit, des voix s'élèvent parmi eux, de plus en plus fortes. Ils semblent se disputer. Je me penche pour les écouter :
- Ça peut plus durer, t'as compris ! On va tous crever si ça continue !
- Comment on va survivre si on trouve rien à manger ?
- On va mourir.
- J'ai peur.


Les plaintes s'entremêlent. Je le sais, nous le sentons tous, et au moment même où ils lèvent les yeux vers nous, nous hurlons des insultes, car jamais nous ne leur donnerons à manger. Nous les détestons. Nous les voyons s'éloigner, ils continuent à pleurer, à gémir. Pourtant rapidement, ils reviennent, et recommence à nous supplier. J'ai l'impression que toute la soirée c'est déroulée ainsi : les hommes cafards qui viennent en mendiant, repartent sous un flot d'insultes, et néanmoins reviennent encore quelques minutes plus tard quémander notre pitié.
À nouveau, je les vois revenir. Cependant cette fois, ils ont les mains pleines. Je crois d'abord qu'ils ont trouvé quelqu'un pour les nourrir. Mais ils s'approchent à nouveau de nous, et cette fois l'un d'entre eux se détache du groupe, en tendant les bras :
- Voici des offrandes. S'il-vous-plaît, donnez-nous de la nourriture.

Les offrandes au creux de ses mains ressemblent à un masse gluante, marron et verte. Ça sent le moisi, les excréments, la pourriture et la saleté, l'angoisse. Je régurgite l'intégralité de mon repas. Les hommes cafards se jettent sur mon vomi, le dévorent goulument :
- Nous sommes sauvés ! Nous allons pouvoir nous nourrir à nouveau !

Réveil.

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