Son visage se dessine...
Par la fenêtre de l'ancien appartement qui se trouvait dans une cité
dans laquelle j'habitais au 6eme étage, le soleil est éclatant et
pourtant les nuages sont gris, et une espèce de lourdeur pèse sur
l'ambiance dans laquelle je me trouve. J'ai l'âge que j'ai
actuellement, et ma vie est la même que dans la réalité : mon père est
mort depuis bientôt quatre ans. Il y a très longtemps que je ne suis
pas revenue dans cet appartement qui m'est toujours apparu comme un
lieu laid, et sans attache pour moi. Mes grandes sœurs sont près de
moi, des larmes ruisselantes sur leurs joues. Nous pleurons la
disparition de notre père. Nous nous remémorons les bons moments passés
à ses côtés, mais aussi les mauvais qui se font nettement plus
nombreux. Malgré tout ça, nous le pleurons parce qu'il nous manque,
parce qu'on l'aime comme il était. J'ai les yeux embuées de larmes,
fixés sur le ciel quand apparait dans un nuage le visage de mon père.
Il est beau, son perpétuel rictus au coin des lèvres. Il me regarde,
j'ai l'impression qu'il m'admire. Je m'approche de la fenêtre, autour
de moi personne ne semble le remarquer. J'hésite avant d'ouvrir la
bouche, et pourtant il y a tellement de choses que j'aimerais lui dire,
ou lui demander. Il me devance, et me dit : « Je suis fière de toi, tu
as bien grandi, tu es devenue quelqu'un de bien Betty ». Il me sourit,
et je lui demande s'il est heureux là où il est, s'il se trouve au
Paradis. Il me répond : « 0ui je suis heureux ma fille, mais je ne peux
rien te dire. Tu découvriras tout cela par toi même quand tu viendras à
ton tour ». Ce seront les derniers mots qu'il prononcera avant de
disparaitre et de me laisser face à un nuage blanc, et éphémère.